Performance nutritive disséminée en trois points
Cette performance se produisit lors du colloque-disloque ” L’art et le politique interloqués ” organisée par l’APPA, ligne de recherche à la Sorbonne. Trois performers entraient en conversation avec les passants autour de l’histoire coloniale des aliments qu’ils offraient gratuitement: chai (thé Indien), maïs grillée et cacahuètes. L’allusion à l’histoire et à l’économie coloniale était une manière détournée de questionner le statut économique de ce que nous appelons “l’art.”
Un article à propos de cette performance fût publié dans l’ouvrage collectif “ACTES”, chez l’Harmattan, en 2005, dont en voici un extrait:
“L’histoire coloniale des trois aliments discutés précédemment détermine le choix qui fut fait pour ce colloque/disloque. C’est pourquoi du chai (thé indien au lait et à la cardamome), des épis de maïs grillé et des cacahuètes furent offerts aux passants dans la rue et permirent un échange oral autour de leur histoire et leur symbolisme. Leur décalage, par rapport à leur origine, dans la mémoire des européens, symbolise la globalisation actuelle, préfiguré par le colonialisme : ” la découverte de l’Amérique suscita l’unification épidémiologique de la planète, provoquant un choc microbien et viral chez les Amérindiens ” [Encyclopedia Universalis.] L’unité économique de la planète, l’universalisation (souvent de force) des valeurs européennes (sens de la propriété terrienne, valeur du travail, etc.), l’agrandissement du territoire connu, par le biais des grandes découvertes, qui n’étaient des découvertes que pour les européens, car pour les peuples qui subiront le colonialisme ça n’étaient que le début des problèmes, tous ces faits historiques amorcent la globalisation, bien avant que l’expression ne soit crée. (…) Puisqu’il y a un marché de l’art, qu’il y a de la spéculation autour des oeuvres d’art, que les collectionneurs peuvent déduire de leurs impôts les sommes qu’ils investissent dans le travail de certains artistes, il est tout à fait ” artistique ” de montrer l’économie dont est issue l’art (l’art historique) et l’économie à laquelle participe l’art contemporain.”